Extrait 1

A son arrivée au club, ce n’est pas ainsi qu’Ulysse avait imaginé la prostitution. Au départ, elle n’avait été qu’une prostitution «ordinaire ». Certes, le client avait des exigences, mais il les formulait à Ulysse qui les acceptait ou pas. Le contrat était toujours respecté, le service était rendu, le service était payé… jusqu’à cette nuit durant laquelle les clauses avaient été tronquées. Il n’avait plus alors été question de prostitution, mais bel et bien de viol. Et cela changeait la donne…

Ulysse avait passé une semaine entière enfermé dans son modeste studio de Montpellier. Il passait la plus grande partie de ses journées allongé dans sa baignoire, renouvelant l’eau autant de fois que nécessaire pour qu’elle reste à température. Il nettoyait ainsi ses blessures et tentait de se purifier de toutes les souillures dont il avait été l’objet. Mais il se rendit rapidement compte que l’eau et le savon ne suffiraient pas à drainer ses plaies morales de toutes les impuretés dont il se sentait infecté. Ses blessures physiques, elles, allaient se refermer. Elles marqueraient à jamais sa peau de cicatrices, mais peu lui importait, sauf pour l’une d’entre elles… C’est en regardant son dos et ses fesses dans un miroir qu’il comprit enfin ce qui l’avait tant fait souffrir cette nuit-là, presque à l’aube.

Extrait 2

– La psychopathie… répond Ana Blumberg.

– La psychopathie ?

– Oui. Peut-être sommes-nous en présence d’une personnalité ambiguë, au comportement antisocial, dénuée de toute empathie et qui assouvit là ses pulsions criminelles. Un événement traumatisant, survenu récemment, aurait pu l’inciter à « sauter le pas ».

– Quelles seraient ses motivations ? s’enquiert l’inspecteur Hyppolite Chameau.

– A ce stade, je ne peux faire que des suppositions, nous manquons d’éléments pour que je puisse déterminer précisément le profit psychologique de cet assassin. Mais, je pense qu’il n’est pas anodin que ce tueur, si effectivement nous avons affaire à une seule et même personne, prenne pour cible et des prostitués et les clients de ces mêmes prostitués. Peut-être s’agit-il d’un homme qui dans son enfance a eu à souffrir de violences sexuelles, probablement de la part d’un pédophile, et dont le traumatisme le pousse aujourd’hui, en supprimant les prostitués et leurs clients, à tuer la symbolique du plaisir sexuel.

– Cela ne nous avance guère, soupire Martha, mais nous devons étudier toutes les possibilités. Vimenet, je souhaiterais que dès aujourd’hui, tu prennes contact avec les responsables des hôpitaux psychiatriques et autres établissements spécialisés de la région. Peut-être notre homme a-t-il fait l’objet, à un moment ou à un autre, de prises en charge dans leurs services ?

– Bien chef, répond Vimenet. Mais, qui dois-je rechercher au juste ?

– D’après les déductions d’Ana  Blumberg, nous recherchons un homme, entre 40 et 50 ans, pesant dans les 80 kilos et souffrant d’une déficience visuelle ou d’une difficulté articulaire. A cela, tu peux ajouter qu’il a probablement été victime d’abus sexuels dans son enfance. Est-ce bien cela Madame Blumberg ?

– Tout à fait. Rajoutons, si nous partons du principe que nous avons affaire à un psychopathe, qu’il s’agit certainement d’un homme impulsif, manipulateur et émotionnellement peu liant.

– Vimenet, poursuit Martha, j’attends ton rapport dès ce soir. Nous n’avons plus de temps à perdre, les cadavres s’enchaînent décidément trop vite. Nous devons arrêter ce…

Laisser un commentaire