La morsure de la salamandre – Extrait 1

Publié: 18/06/2013 dans JOURNAUX
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Quelque part en 1250…

Entouré de la plupart des hommes du village, Ancelin vient d’engloutir quantité de vin pour enivrer l’attente et écourter ainsi la délivrance de Blanche, tout du moins pour écourter la sienne… Mais, rien ne tend à le distraire, ni l’alcool, ni les rires de ses camarades, ni les parties de dés. Par bonheur, sa tante Adèle vient le voir dès qu’elle le peut pour lui apporter des nouvelles de la parturiente :

– Ne t’inquiète donc pas Ancelin. Ta femme est gaillarde, depuis ce matin la Léonde et Mode la font marcher et lui font respirer du sel et de l’encens. Elle a bu de la poudre de matrice de lièvre mélangée à du vin. Crois-moi à ce rythme-là, la Blanche va accoucher de ton fils aussi prestement qu’une lapine !

– Un fils ! Es-tu sûre ?

– Évidemment ! As-tu seulement regardé ta femme ces dernières semaines ? Son ventre est aussi gros, rond et tendu que les coilles d’un cheval ! Et ses mamelles ? Les as-tu seulement tâtées ? Elles sont prêtes à se fendre tant elles sont pleines ! Je te le dis Ancelin, cela ne trompe pas : ta Blanche attend un garçon. D’ailleurs pourquoi s’accrocherait-il autant s’il ne s’agissait pas d’un mâle ? Rappelle-toi la femme de ce pauvre Gaubert : à peine son ventre arrondi qu’elle était déjà malade, à ne pouvoir retenir la moindre bouillie. Tu as vu le résultat : au moment d’accoucher elle ne pesait pas plus lourd qu’un sac de fèves… vide ! Et elle a eu une fille… Notre Blanche aura un garçon !

– Au fond, que m’importe. Ce que je veux, c’est que ma tendre femme et mon enfant survivent tous deux à cette épreuve.

– Ne dis pas ça malheureux ! Tu sais comme moi que les filles n’ont pas plus de raison qu’une noix pourrie, creuse et rabougrie à l’intérieur ! C’est ça que tu veux ? Et puis, qui t’aidera dans les champs ? Une fille, mon pauvre Ancelin, ce serait une malédiction pour toi et ta famille. Elles ne sont bonnes qu’à s’esbaudir devant n’importe quel bélitre !

– Mais enfin Adèle, comment peux-tu dire de telles choses ? Tu es une femme…

– Justement… soupire-t-elle.

Puis, après un bref moment d’un parlant silence, elle reprend, la verbe toujours aussi arrogante :

– La beauté de nos jeunes pucelles éveille les sens des galopins, ils deviennent aussi bouillants que l’huile dans le chaudron et au moindre regard langoureux ou au moindre pas de danse, ces gourdasses sont prêtes à se faire détrousser ! 

commentaires
  1. MzelleCG dit :

    Rien que cet extrait me fait frissonner à l’idée de pouvoir prochainement découvrir votre 2éme roman.
    J’espère pouvoir incessamment le tenir entre mes mains et vous faire part de mon avis (surement positif).
    Votre premier roman m’avait déjà fait voyager sur plusieurs époques;  »la morsure de la salamandre » sera, j’en suis sure, le best seller de cet été !
    A bientôt dans de nouvelles aventures !

    • Line Ulian dit :

      Merci MzelleCG pour tous ces compliments et votre soutien qui me touche à la veille de la sortie de mon deuxième ouvrage. A très bientôt !

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